Elle se masturbait en public et ne montrait aucune empathie. Aujourd’hui, le cas de cette fillette émeut toujours autant.

En 1957, Genie — pseudonyme pour Susan Wiley — naît à Arcadia en Californie. Alors qu’elle n’a que deux ans, son père, Clark Wiley, atteint d’une maladie psychologique l’enferme presque constamment dans une pièce sombre et l’oblige à porter une camisole. Enchaînée à un pot toute la journée, Genie est également ligotée à un berceau la nuit. Ce faisant, Clark pense protéger sa fille des démons du monde extérieur (peur qui lui vient après que sa mère a trouvé la mort renversée par une voiture).

Sa femme, la mère de Genie, a également des problèmes psychologiques. Après un accident quand elle était enfant qui a terriblement endommagé sa vue, cette dernière n’est pas d’une grande aide pour sa fille. Et le frère de Genie est trop jeune pour faire quoi que ce soit. Sous la pression du père de famille, ni la mère ni le frère de la fillette n’osent lui parler et donc créer une quelconque relation avec elle. Tout le monde doit rester calme : si Genie fait le moindre bruit, son père se met à la frapper jusqu’à lui en faire des bleus. C’est le seul contact avec des humains que la fillette a au cours de cette captivité. Les conséquences sur son développement sont catastrophiques.

C’est d’ailleurs à cet âge-là (octobre 1970) que Genie est découverte. Après une dispute avec son mari, la mère de Genie, presque entièrement aveugle, parvient à fuir la maison avec Genie dans les bras. Aux services sociaux, le personnel remarque immédiatement que quelque chose ne va pas avec Genie, elle fait beaucoup trop jeune et semble sous-alimentée. Lorsque l’affaire fait les gros titres, Clark se suicide.

La fillette se fait hospitaliser dans un hôpital pour enfant et subit une batterie d’examens menés par divers spécialistes, psychologues et linguistes inclus. Les chercheurs s’intéressent particulièrement au cas de Genie, car ils sont curieux de savoir si cette dernière pourra apprendre à parler à un âge aussi avancé. À l’époque, elle est uniquement capable de dire quelques mots par-ci par-là tels que “bleu”, “orange”, “maman” et “aller”, sans aucun contexte.

Son comportement en société est également très peu développé. Lorsqu’elle est stressée, Genie se met à uriner ou se souille. Elle crache sans arrêt et se masturbe même en public. La jeune fille est complètement passive et ne montre aucune empathie.

Bien qu’elle fasse énormément de progrès notamment au niveau du vocabulaire et dans les interactions avec les autres, elle est loin d’être indépendante. Au bout de cinq ans de prise en charge, les spécialistes sont choqués de voir que Genie est incapable de faire des phrases ayant du sens. Sa captivité a endommagé de façon permanente les aires du cerveau nécessitant une stimulation dès le plus jeune âge pour pouvoir apprendre à parler. En 1975, les fonds liés à la recherche sont coupés parce que le cas de Genie n’est plus d’intérêt scientifique. C’est à ce moment-là que la vie de Genie prend un tournant tragique.

Après que sa mère obtient sa garde, Genie retourne au sein de la maison où elle a tant souffert. Sans surprise, sa mère est incapable de s’occuper correctement de sa fille et de l’aider comme elle le devrait. Genie passe alors de famille d’accueil en famille d’accueil puis termine dans une maison de soins à Los Angeles où elle vit encore aujourd’hui. Seules quelques personnes savent ce que fait Genie, aujourd’hui âgée de 60 ans, à cause d’une interdiction légale de la contacter.

Les enfants ayant grandi isolés du monde et passé leurs premières années dans des conditions terribles sont appelés les “enfants sauvages”. L’histoire de Genie fait froid dans le dos, comment peut-on infliger ça à un enfant ? Nous espérons seulement qu’elle a pu depuis lors trouver la paix et vivre une vie décente !

Lire la suite sur Féroce