“Depuis mes 12 ans, je recevais une rose blanche chaque année pour mon anniversaire. Elles ne venaient jamais accompagnées de mot ou de note et le fleuriste ne pouvait pas m’en dire plus, ne serait-ce que l’identité de l’expéditeur. Après quelques années, j’ai arrêté de chercher et me suis contentée de recevoir, avec plaisir, cette attention annuelle.
Mais j’y pensais quand même. Je me demandais : “L’expéditeur est-il un admirateur secret trop timide pour venir me parler ? Est-ce que cela vient d’un garçon ?” J’aimais beaucoup penser à ça, surtout les journées d’été.
Parfois, ma mère faisait des hypothèses avec moi sur l’identité de l’expéditeur. Elle m’a un jour demandé si j’avais rendu service à quelqu’un qui me le rendais maintenant en secret : peut-être la voisine à qui je porte les courses ou mon papy à qui je ramène le courrier pendant l’hiver, par exemple. Ma mère nourrissait mon imagination, parce que c’était important pour elle que je fasse preuve de créativité et que je me sente aimée. Elle voulait que je partage ce sentiment avec les autres, d’ailleurs.