En juin 2019, autrement dit au cœur de l’hiver austral, plusieurs satellites dédiés au suivi de l’environnement global ont observé un évènement inhabituel à l’est de l’Antarctique.
En effet, des changements abrupts se sont manifestés au niveau de la barrière de glace d’Amery, avec un enfoncement de la surface allant jusqu’à 80 mètres sur une surface de 11 km². Ainsi que le rapporte une étude récente, la dépression résultante, rappelant accessoirement le motif d’un cratère, trouve son origine dans la vidange d’un lac situé plus en profondeur.
L’eau de fonte qui ruisselle à la surface des plateformes de glace en saison chaude forme de véritables lacs. Or, cette eau va avoir tendance à creuser des passages dans la glace et s’infiltrer en profondeur tout en fragilisant la plateforme. On parle d’”hydrofracturation”. Ce mécanisme est connu pour déstabiliser les barrières de glace, mais tous ses aspects ne sont pas compris à ce jour. Le cas échéant, les chercheurs ont découvert qu’il pouvait se poursuivre même à grande profondeur via un écoulement sous-glaciaire complexe. Aussi, les plateformes épaisses comme celle d’Amery sont probablement plus vulnérables à l’eau de fonte qu’on ne le pensait.