A Bruxelles, le lobby du tabac fait ses lois

Trois eurodéputés français de plusieurs groupes politiques européens, Anne-Sophie Pelletier (The Left), Pierre Larrouturou (SetD) et Michèle Rivasi (Verts), récemment décédée, ont rendu public un Livre Blanc sur l’influence des lobbys du tabac au sein de la Commission européenne. Un document édifiant, corédigé avec des scientifiques et militants associatifs, dont l’ACT française, le Smoke Free Partnership, qui regroupe une cinquantaine d’associations européennes ou encore l’Université anglaise de Bath. Un travail majeur, qui aspire à servir de base pour la future politique antitabac à l’échelle de l’Union européenne.

Loin d’être uniquement un rapport à charge, les eurodéputés ont lancé aussi plusieurs recommandations. Ils exigent notamment la publication dès cet été par la Commission européenne des propositions de révision des directives sur la taxation de tabac, la fin immédiate des « accords de coopération » signés entre UE et fabricants de tabac, l’ouverture d’une enquête sur les soupçons de conflits d’intérêts et de trafic d’influence de l’affaire Dentsu / Jan Hoffmann ou encore la mise en œuvre de quotas de livraison et d’une traçabilité indépendante. Aujourd’hui confiée à Codentify, système européen de traçabilité opéré par Dentsu Tracking, il est jugé trop proche des cigarettiers par ses nombreux détracteurs, alors que les auteurs du Livre Blanc déplorent « l’histoire trouble de Codentify, le système de traçabilité développée il y’a presque 20 ans par les cigarettiers ». Coupables de plus de 700 000 morts évitables par an en Europe, les industriels du tabac ont encore leurs entrées à Bruxelles. Mais, sous la pression des eurodéputés et des associations, les portes de la Commission pourraient -un jour- se fermer.

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