L’image que l’on se fait
des manchots Adélie — petits, dodus, trottinant maladroitement sur
la glace — cache en réalité un rôle bien plus crucial qu’on ne
l’imaginait. Selon une étude récente de l’Université d’Helsinki,
ces oiseaux marins emblématiques de l’Antarctique pourraient jouer un
rôle de régulateurs climatiques locaux. Leur outil inattendu : le
guano, autrement dit… leurs excréments.
Début 2023, une équipe de
chercheurs s’est installée près de la base argentine de Marambio,
sur la péninsule Antarctique, avec un objectif original : mesurer
l’impact des émissions biologiques sur la formation des nuages.
Leur attention s’est portée sur une colonie géante de 60 000
manchots Adélie (Pygoscelis adeliae), nichant non loin de là.
En déféquant en grande
quantité sur la glace et le sol gelé, les manchots libèrent de
l’ammoniac (NH₃). Ce gaz, bien connu des climatologues, joue un
rôle clé dans la formation d’aérosols atmosphériques. Ces
particules microscopiques agissent comme des noyaux de
condensation, permettant à la vapeur d’eau de former des
nuages.